MONOLOGUES  EN   FRANCAIS   
ON SOC ? : PERE GUISSET - 1 MONOLOGUES FRANCAIS




Divers monogues, farces , écrits en catalan roussillonnais sont repris en version française et rassemblés, avec quelques histoires inédites, dans un recueil intitulé:
RENVOIS D'AIL DE CORNICHON ET DE FRAISE
OU HISTOIRES DE BRIC ET DE BROC.
 Vous en trouverez le sommaire et quelques extraits ci-après

RENVOIS D'AIL DE CORNICHON ET DE FRAISE 
OU
 HISTOIRES DE BRIC ET DE BROC.

 Version originale catalane dans  le web

 Version française présente dans le web

 Titres des Histoires traduites ou réecrites en Français par Pere GUISSET

la sogra immortal

    Les secrets de Jean Timonet

miracle o qué

 

    Rêve ou miracle

 

    La cinquantaine

 

 

    Le sacré âne!

els hereters de l'oncle Toni

    Le Petit Coq

els hereters de l'oncle Toni

 

    Les héritiers de l'oncle Toni

els hereters de l'oncle Toni

   Mes funérailles

els hereters de l'oncle Toni

   Une nuit de carnaval

 

 

Désillusion

El Vesper

 

La fontaine de félicité

 

 

Chevrotine

 

 

Le fandango

 

 

La colère de Manuel

L'aquissador

 

Le superman

 

 

L'oreille

Tornem de vacances

 

Retour de vacances


 
    LES  SECRETS  DE  JOAN  TIMONET   
ON SOC ? : PERE GUISSET - 5 HISTOIRES - Les secrets de jean Timonet


 

 

LES  SECRETS

DE

JOAN TIMONET.
  
      

 Version catalane La sogra immortal

(La Immortal)  

 

 

QUI EST JOAN TIMOTET ?

Joan Timonet, un vieux montagnard bourru, taciturne, sauvage, d'un abord difficile, au physique ingrat, de petite taille, brun de peau, souvent mal rasé et le regard inquiet, est mon plus merveilleux ami!

On le croit méchant, on le croit bête, on le croit fourbe, il n'est que timide et renfermé! un timide à l'aspect un peu effrayant, il est vrai, mais un timide bon, un ami sûr et sincère, un homme incapable de faire du mal!
Je le croyais fermement!

Joan Timonet est né et a vécu son enfance et son adolescence dans un vieux mas, là-haut à quatre pas de la frontière. Enfant, il gardait les moutons, n'avait comme compagnon de jeux, que son chien, comme professeurs, les bêtes du mas et celles de nos montagnes, qui lui apprirent à se défendre, à défendre sa vie face aux mille dangers imprévisibles ou inattendus pouvant survenir! Ses moutons, lui apprirent par leur comportement, comment prévoir le temps, prévoir la pluie, l'orage, le froid ou le gel! les renards lui apprirent la ruse, les vieux sangliers à supporter la solitude, les garennes et les lièvres à se méfier et fuir les hommes, son chien lui apprit ce qu'était l'amitié et la fidélité, l'âne, le vieil âne du mas à supporter les lourdes charges et les coups sans se plaindre!

Son grand-père et ,son père lui apprirent eux, la chasse et surtout à bien chasser!
Joan Timonet aima la chasse et fut un bon chasseur!
Il aima la chasse aux sangliers, les sangliers qui souvent dévastaient ses champs! il chassa les renards qui dévastaient sa basse cour, il aima la chasse parce qu'il aimait courir dans la montagne ou la campagne.

Mais ce chasseur invétéré, cet homme à l'aspect d'un dur à cuire, m'avoua n'avoir jamais eu le courage de tirer les gentils écureuils!
Il fut, il était, il est resté un très grand chasseur, un chasseur quasi légendaire, sa renommée s'étend dans tout le bas Vallespir aussi bien que dans le haut Vallespir où on l'a surnommé "Gatell Magic" (gâchette magique) de mémoire de vieux chasseur, nul n'a jamais vu "Gatell Magic" manquer une pièce au cours d'une partie de chasse, que ce soit au sanglier, lièvre, garenne, perdreaux ou autre.

BIZARRE... BIZARRE...?

Alors, pourquoi donc, Joan Timonet dit « Gatell Magic », pourquoi ne chasse-t-il plus?
Pourquoi depuis déjà de nombreuses années a-t-il rangé son fusil dans la vieille armoire et accroché sa gibecière derrière la porte du mas?
Pourquoi ne parle-t-il même plus de chasse?

C'était un secret! Son secret! Un des secrets de Joan Timonet!

LES PREMICES  D'UNE  CONFIDENCE

Un jour pourtant, cet homme renfermé, ce taciturne, me fit des confidences! j'ai su ce jour-là, que le dernier coup de fusil que tira Joan Timonet en cours d'une partie de chasse, sa dernière partie de chasse, fut la Cause du décès de sa femme! J'ai compris que le remords rongeait cet homme, j'ai compris que mon ami souffrait, il m'avoua que la seule vue de son vieux fusil le rendait malade!

Le jour de ses confidences, ce fut un jour d'hiver et de grand froid, un jour où après un copieux petit déjeuner, assis tous les deux sur "l'escon", au chaud prés du feu de bois, pour aider notre digestion à se faire sans problèmes, nous buvions à petites gorgées gourmandes, un petit vin blanc sublime! Mais, pour digérer la succulente "botifarra", le délicieux pâté, les tranches de jambon, de ce jambon qui fond dans la bouche, pour digérer la baveuse omelette aux champignons et surtout l'allioli, allioli que nous avions étalé en couches épaisses sur les tranches de pain noir! Pour digérer ce petit-déjeuner, il nous a fallu moult petits verres de ce vin blanc sublime.

Comme il nous a fallu moultes cigarettes, cigarettes que nous roulions nous mêmes avec le tabac gris que Timonet maintenait au frais dans une vieille tabatière en bois d'aulne qu'il avait creusée et façonnée étant enfant, en gardant les moutons, pour son grand-père Tiste, grand fumeur de tabac gris.

La douce chaleur du feu de bois, l'envoûtement des flammes dansant devant nos yeux, l'estomac satisfait, le tabac et surtout le vin blanc incitaient à la rêverie, mais aussi à se délier les langues, à se laisser aller à quelques rappels de certains faits, d'une certaine époque, à se laisser aller à faire des confidences!

LA CONFIDENCE : ELIMINER SA BELLE MERE

C'est ce jour-là, dans cette ambiance éphémère que mon ami Joan me fit ses confidences! Il m'avoua des petits secrets qu'il m'avait toujours cachés, il m'avoua surtout son secret, un terrible secret!

Il me raconta sa vie! Son enfance et son adolescence passées au mas!

Comment il avait connu Rosine, son mariage, sa vie au village avec sa femme, mais aussi avec sa belle-mère! Il m'avoua que si sa femme Rosine fut jusqu'à sa mort une sainte femme, une épouse parfaite, gentille et aimante, sa belle-mère par contre fut pour lui, un véritable despote, acariâtre, jalouse, méchante et bête, qui l'avait poursuivi de sa haine jusqu'à la fin de ses jours!

Et Joan Timonet, mon ami que je croyais connaître, que je croyais incapable de faire le mal, dans l'euphorie d'un début d'ivresse, m'avoua avoir tout fait pour hâter la mort de Delphine, sa tortionnaire, qui lui empoisonnait la vie!

LA PREMIERE TENTATIVE

Cette idée s'incrusta dans son esprit un jour, au mois d'août, au bord de la mer! c'est ce jour là qu'il comprit combien la vie tient à peu de chose et qu'il suffirait d'un rien pour être débarrassé de sa belle-mère. Ce jour là Delphine inconsciemment tricotait, nue tête, assise sur un rocher, sous un soleil ardent et brillant de tous ses feux!

Joan Timonet souriant, pensait à l'insolation, mais se garda bien d'avertir sa bête noire. Demain, se disait-t-il, elle ne quittera point son lit et après demain sonnera le glas annonçant sa mort!

RATÉ

Mais le lendemain Delphine trottait toujours, peut-être un peu plus rouge que d'habitude, mais toujours aussi alerte, toujours aussi méchante, toujours aussi haineuse! Comment avait-elle résisté à ce soleil qui chauffait tellement que l'on avait l'impression que l'enfer vidait ses feux!

A cette époque Timonet ne savait pas que si les chats, dit-on, ont neuf vies, les belles-mères en ont, dit-on, vingt et une! les belles-mères de cette trempe bien entendu!

LA DEUXIEME TENTATIVE

Joan en eut encore une preuve lors de l'épidémie de grippe Asiatique, grippe qui fit beaucoup de victimes! Terrassé, Joan fut obligé de s'aliter, mais, dés le premier jour il se dit: "Je ne sais qui m'a donné cette sale grippe, mais je sais très bien à qui je vais en faire cadeau"!

On dit, pensa-t-il, que cette grippe est très contagieuse et mortelle pour les gens d'un certain âge; si j'arrive à la lui donner, il est certain qu'elle ne reverra pas refleurir les petits pois! On l'habillera en bois de sapin et on la sortira de sa chambre les pieds devants!

C'EST A NOUVEAU RATÉ

Il a tout fait, tout tenté, mais la Delphine, comme les belles-mères revêches, était immunisée!
Il avait beau se frotter à tout moment contre elle, se moucher furtivement avec son mouchoir et lui remettre dans sa poche, il avait beau tousser sous son nez, il se rabaissait même, avec répugnance, à lui faire des baisers, et à lui souffler dans les narines pendant qu'elle faisait sa sieste, rien n'y fit!
Si lui, jeune et solide eut toutes les peines du monde à se débarrasser de cette grippe, Delphine, n'eut pas à lutter, aucun virus, aucun microbe n'ayant jamais osé s'approcher d'elle!

TROISIEME TENTATIVE

Joan Timonet, comme tout bon chasseur, ne se découragea point! "Gatell Magic" n'avait jamais manqué le gibier visé! il attendrait l'occasion! il se mit à "l'espera"!

Quelques mois après, un dimanche aprés-midi, ils revenaient en voiture, de faire un pique-nique, là-haut à la fontaine de "Perdallà", tous les trois, Joan, Rosine, et la toujours présente, la toujours hargneuse Delphine!

Soudain, Joan s'aperçut que sa belle-mère, comme une marmotte repue, s'était endormie! Cette fois-ci, se dit-il, cette fois-ci, sera la bonne. Jamais, plus jamais, je n'aurais une occasion pareille!

Il arrêta sa voiture sur un faux plat, en haut de la côte la plus raide, à vingt mètres d'un précipice, un précipice abrupt, laissa la voiture le frein lâché, et dit à sa femme: "Allons cueillir quelques champignons, laissons reposer ta mère, elle est fatiguée et elle dort si bien"!

Çà n'a pas loupé! quelques minutes après, un bruit épouvantable de ferraille emboutie, un choc, une explosion firent sursauter Rosine!

"Finito la comédia" murmura Joan, la voilà en route pour l'enfer"!

Au fond du précipice, la voiture brûlait! Jusqu'au torrent elle avait dégringolé, laissant en cours de chute quelques pièces ici et là!

Prés de sa femme désemparée, désespérée, épouvantée, "Gatell Magic" regardant brûler sa voiture et son contenu, se frottant discrètement les mains, pensait: " adieu Delphine, que dieu te pardonne et que Satan te prenne sous son aile" !

ENCORE RATÉ

C'est à ce moment là que Delphine debout derrière eux, une Delphine un peu pâlichonne, mais bien vivante leur dit: "Eh bé! heureusement que j'ai eu besoin de faire pipi, sans cela, pour moi les messes seraient chantées et les vêpres seraient dites"!

QUATRIEME TENTATIVE

Un jour, Rosine étant absente, en voyage pour quelques jours, Delphine plus grognon, plus autoritaire que jamais lui avait spécifié qu'ayant à faire la lessive, elle n'aurait pas le temps de s'occuper de la cuisine, et lui avait ordonné sans ménagement et en s'aidant d'un terme plutôt trivial, d'avoir à se mettre au fourneau! Joan saisit l'occasion et fit une nouvelle tentative!

Il ferait une omelette! une omelette savoureuse, bien dorée, une omelette avec des champignons!

Il ramassa pour la faire, tous les champignons qu'il trouvait sur son chemin, bons, douteux, vénéneux, tout alla dans le panier! et il prépara une superbe et appétissante omelette, avec dix oufs s'il vous plait!

Prétextant son foie délicat, il évita d'en manger et se contenta d'une soupe à l'ail!

Mais Delphine, Delphine adorait l'omelette et surtout une omelette comme celle-ci, bien baveuse, bien dorée et avec des champignons! Elle en mangea! elle en mangea! trois pleines assiettées, puis satisfaite, distribua le reste aux chiens, aux chats, aux lapins, à tout le poulailler, poules, coqs, canards, dindons, tout le monde eut sa part!

ENCORE ET ENCORE RATÉ

Il y eut une mortalité effrayante! les deux chiens, les chats, toute les poules, les canards, coqs, poulets, poussins, tous, tous périrent, même l'âne, même l'âne fut parmi les victimes. Comment s'était-il procuré sa part d'omelette? Dieu seul savait!

Mais la belle-mère, la Delphine, le teint rosé, fraîche et alerte, était là, criant, accusant la belette ou le renard d'être coupables d'avoir semé la mort dans son poulailler, accusant la vieillesse de la mort de son âne et l'eau croupie de la mare pour les chiens et les chats ou les appâts empoisonnés que posent les chasseurs pour se débarrasser des nuisibles!

Et l'incident fut clos! la belle mère toujours debout et Joan vexé par ses échecs successifs, lui, "Gatell-Magic », lui, qui n'avait jamais manqué son gibier ne pouvait s'avouer vaincu, il était donc plus décidé que jamais à se débarrasser de Delphine!

CINQUIEME TENTATIVE

Il décida de la tirer comme un lapin; comme un vulgaire garenne!

De cette façon, il était sûr de ne pas manquer sa cible! Il ne l'avait jamais manquée! Il attendit la bonne occasion et ce fut sa dernière tentative.

Il chassait ce jour-là le lièvre, ses chiens donnaient de la voix assez loin! Dans la châtaigneraie, Delphine!
Il vit Delphine! Delphine cherchant des cèpes!
Ce serait un accident, un accident tout bête, un accident regrettable, un accident de chasse!
La voilà l'occasion!   Il visa la tenait en point de mire, immanquable!
Un chasseur novice n'aurait pu la manquer et pourtant, "Gatell-Magic", le chasseur renommé, la manqua!

TOUJOURS RATÉ

Soit qu'il eut un moment d'hésitation en appuyant sur la gâchette, et inconsciemment releva un peu le canon, soit que Delphine à ce moment là se baissât pour cueillir un cèpe, le trait décapita un jeune châtaignier, bien au dessus de la tête de Delphine! "Gatell-Magic" venait de manquer sa première pièce, (nul n'est infaillible)! ce fut aussi sa dernière!

MALHEUR A LUI..

Sa femme la douce Rosine, apprenant son geste, tomba malade, s'alita et mourut un an après! Elle avait quarante ans!

La mort de Rosine sauva sans doute Delphine!

Delphine resta au village et Joan Timonet remonta au mas! Delphine vécut jusqu'à quatre vingt cinq ans et mourut tout simplement de vieillesse, haïssant de toutes ses forces son gendre!

REMORDS,CONSCIENCE ET MORALE DE L'HISTOIRE

Joan vit seul avec ses remords, les confidences de "Gatell-Magic" m'ont prouvé que l'on ne connaît jamais complètement, même le meilleur de ses amis.

Nous avons tous nos secrets plus ou moins terribles!

Joan a vu dans la mort de sa femme une punition du ciel et le remords le ronge et le rongera jusqu'à la fin de ses jours!

Il m'a avoué aussi être heureux que de nos jours, les belles-mères comme Delphine soient inexistantes ou presque! Elles ont évolué les belles-mères, elles savent passer le pouvoir dés le premier jour du mariage au jeune ménage, et ne s'occupent plus que de choyer et adorer leurs petits-enfants.

 

J'ai quant à moi, acquitté mon ami Joan Timonet!

Il avait tellement de circonstances atténuantes! et il paie si durement ses fautes!

Et puis... et puis, que ceux d'entre vous qui ont eu ou qui ont une belle-mère genre Delphine, et qui n'ont jamais eu l'idée, simplement l'idée, de s'en débarrasser, lèvent le doigt.

Pere GUISSET

 

Découpage et dessin pour le WEB: Joan Pere GUISSET 



LA   CINQUANTAINE   
ON SOC ? : PERE GUISSET - 5 HISTOIRES- LA CINQUANTAINE


                                                                                                             Version catalane    

 LA CINQUANTAINE

Femmes, Femmes, il est dur.
De la cinquantaine franchir le mur!
C'est dur de dire bonsoir à la sveltesse !
Bonjour, aux premiers signes de la vieillesse!
Femmes , pour vous c'est un calvaire,
L'Accumulation de cinquante anniversaires !
Mais votre apprehension, votre souci, votre tourment ,
Cet surtout le fait, de vieillir physiquement!
Si du nombre des années,on peut oublier le total,
Reste à resoudre cet ardu problème, ce problème primordial !
Quasiment toutes les femmes qui ont ou vont fêter la cinquantaine,
A conserver le teint frais et la sveltesse ont grand peine!
Vers la cinquantaine, les vilaines rides font leur apparition,
Les fesses prennent du volume et on herite d'un double menton!
Ies cheveux se raréfient et se teintent en blanc,
Et tombent les bajoues et se dechaussent les dents!
La graisse votre corps envahit, finie la ligne haricot!
On gagne en volume,on gagne en kilos!
Le mignon, le troublant petit derrière,
Devient parfois, une montgolfière!
Disparu,disparu le charmant petit "teton"!
Il y a maintenant, beaucoup de monde au balcon!
Alors,on engage le combat contre les rides et l'embonpoint,
On lutte courageusement, parfois hélas en vain!
On s'épile,on se rase,on se peinturlure,
Sinon tout le corps, au moins la figure !
On met du vert, du jaune, du rouge et du noir,
Et on evite autant que l'on peut les miroirs!
On s'impose des regimes draconiens
Pour voir diminuer, et les fesses et les seins!
On se glisse avec d'enormes difficultés
Dans d'inconfortables gaines ou d'illusoires combinés!
On porte des perruques de diverses couleurs,
Bref, les Femmes luttent, rendons leur cet honneur!
Mais Femmes , femmes je vous en conjure ,
Epilez vous, rasez vous, fardez vous, ravalez votre figure,
Faites un peu de regime, mais beaucoup de sport,
Ne vivez pas seulement d'un yaourt par jour, c'est un tort!
Pour retrouver la taille, les formes d'une libellule
n'abusez point de breuvages miraculeux, ni de pilules
Breuvages et pilules qui ruineraient votre santé,
Mieux vaut user des gaines et des combinés!
Ne regrettez point le physique de votre jeunesse,
Sachez que souvent, on prefere de belles fesses,
Des fesses attirantes, rondes, gaies et dodues,
A un petit derrière "tristounet" avec des os pointus !
Et puis, et puis mesdames, vos cinquantes ans,
N'en faites  pas un drame,vous savez pertinemment,
Qu'à tout age vous avez du charme.
Alors, sur votre éclatante cinquantaine, pourquoi verser des larmes?
S'il est bon, s'il est merveilleux d'avoir la beauté,
C'est infiniment mieux d'avoir et de conserver la santé.


Pere Guisset

  



             REVE OU MIRACLE  
ON SOC ? : PERE GUISSET - 5- HISTOIRE S- Réve ou Miracle                         Version catalane   


                                                                                                             

REVE OU MIRACLE ?

C'est une tradition, une ancienne tradition, la flamme, la flamme qui allumera tous les feux de la St Jean, part la veille du jour des feux, de la Casa Pairal, monte, portée par de jeunes montagnards aux jarrets solides et à la foi inébranlable en cette flamme de l'amitié, jusqu'au sommet du Canigou.

Là, elle sera veillée toute la nuit, le lendemain, jour attendu des feux, les jeunes, après un court repos, toujours prêts, toujours dispos, l'enferment dans une lampe tempête, et la descendent vers la plaine, courant, enjambant les ruisseaux, sautant les torrents, traversant les rivières, se transmettant par relais la flamme sacrée.

Cette flamme doit arriver avant la nuit, dans chaque village, aussi bien que dans le plus reculé des hameaux, partout où l'attend le bûcher préparé par de fervents amoureux de nos traditions.

Au signal venu du pic Canigou, tous les feux s'allumeront dans l'allégresse générale. Allumés par la flamme immortelle, véritable feux de joie, feux d'amitié et d'espoir, vous êtes une de nos plus belles traditions!

Je les salue, ceux qui montent le bois sec, ceux qui préparent le bûcher, ceux qui montent la flamme au sommet du pic, ceux qui veillent la flamme et les coureurs, ces jeunes qui se relayent, qui courent dans les chemins escarpés de nos montagnes ou sur les routes de la plaine, je les salue tous; Il faut vraiment avoir la foi!

J'admire, tous les participants actifs qui perpétuent la célébration d'une pareille fête, ceci, parce que, ayant participé moi-même, très activement, une fois, une seule fois à la réussite des feux de la Saint Jean, je sais ce que celà demande parfois de peines et de sacrifices.

Je fus, cette année là, un participant occasionnel, imprévu, mais un participant tout de même, qui a tout fait pour que soit réussie cette fête séculaire et traditionnelle.

Je vais vous exposer les faits. Sachez tout d'abord que si j'ai participé, ce n'est, il est vrai, parce que le hasard ou le destin, appelez ça comme bon vous semble, a voulu que je sois à tel moment, à tel endroit. Ces faits, je vais vous les exposer, tels qu'ils sont restés dans ma mémoire! Vous tirerez les conclusions vous-même! Je ne cherche pas à influencer qui que ce soit.

Je me reposais quelques jours, chez mon vieil ami, Jean de "Can Tirasoldat" .Le mas "Tirasoldat", s'accroche depuis des lustres au flanc de la montagne et se cache timidement dans les châtaigniers et les chênes verts, c'est un vieux mas, un très vieux mas, pittoresque, bien exposé face au soleil levant, dans l'air sain de nos montagnes, site idéal, endroit rêvé pour hâte la guérison d'un très mauvais rhume tournant en bronchite, que j'avais contracté, je ne sais comment.

Cet après-midi là, après-midi d'un mois de juin, se formait sur le Canigou un orage menaçant! L'air était lourd et au loin, comme un roulement de tambour, le tonnerre grondait, quelques éclairs déchiraient le ciel, les bêtes affolées, se hâtaient vers leur gîte, leur terrier, leur nid ou un refuge quelconque!

Sur le sentier menant au mas, je me dépéchais, j'allongeais le pas, par crainte d'être surpris par cet orage qui s'annonçait assez violent! Après le "correc" de la "Guilla blanca", passé en sautant de pierre en pierre, je pris le raccourci, accompagnant à la fontaine "del bigarrat", ce sentier encaissé dans des rochers, couvert de mousse, ce sentier qu'empruntaient en leur temps, les muletiers et les contrebandiers, ce sentier que n'empruntent plus aujourd'hui, que les sangliers, les renards, et les quelques chèvres qu'élèvent les vieux montagnards du mas "Bufafocs" ! (je cite tous ces noms de lieux, pour ceux qui connaissent cette région ou plutôt, ce coin de notre montagne)!

Je pris donc ce sentier envahi par les genêts, les ronces, et arbustes rabougris, ce sentier étroit et malaisé, qui après le bois "del Rocallam", longe le précipice dit "el cingle de les viudes", lieu réputé maudit, réputation à ce jour entretenue vivante par de nombreuses légendes, plus ou moins effrayantes! C'est là, paraît-il, que les femmes se débarrassaient de leurs maris encombrants!

C'est en traversant le bois "del Rocallam", que j'entendis les appels et gémissements! C'était un garçon d'une vingtaine d'années, qui, victime d'une chute, souffrait d'une entorse douloureuse! Il tenait, fait étrange, une lampe tempête à la main! une lampe allumée, en plein jour!

Il refusa mes soins, me demanda simplement d'avertir les vieux du mas "Bufafocs", qui s'occuperaient de lui me dit-il, mais il me supplia de sauver la flamme! c'est la flamme qui ce soir, doit allumer les feux de la Saint Jean.

Je vous en prie, me supplia ce blessé, il faut porter cette flamme jusqu'au pré du mas "Bufafocs", un copain l'attend pour la porter plus loin. De relais en relais, cette flamme doit arriver dans la plaine et surtout, me recommanda le jeune garçon, avec ferveur, si l'orage tombe, veillez sur la lampe, veillez sur la flamme, je compte sur vous, c'est une chaîne de l'amitié, elle ne doit pas être brisée! Faites vite et que Saint Jean vous aide!

Voilà comment j'ai pris ce jour là, le départ de ma participation active et imprévisible, à la vieille tradition des feux de la Saint Jean!

J'étais devenu un porteur de la flamme, un relayeur indispensable, et comme un jeune homme, oubliant ma bronchite, je courais, sautais les ruisseaux et les "correcs" comme un isard dans nos hautes cimes!

L'orage courait derrière moi, grondant, coléreux, lançant quelques éclairs fulgurants, mais pour sauver la flamme, je courais, je courais de plus en plus vite, je courais à perdre haleine! mais, extraordinairement, je ne perdais pas haleine! je courais la lampe à la main, l'orage sur mes talons, je courais, à mon âge, moi, un bronchiteux, je courais comme un vrai coureur de course de fond, comme un habitué des marathons olympiques!

Au "cingle de les viudes", l'orage me rattrapa! en une minute, pris dans cette tourmente, je fus trempé, giflé, aveuglé par la pluie, poussé par un vent terrifiant, vers le précipice maudit! Je trébuchais sur une perfide racine, et ce fut la chute! Une chute de vingt mètres, quasiment à pic! Ce furent des secondes affreuses, je glissais, je roulais, m'accrochant aux touffes d'herbes, aux aspérités des rochers, je tombais vers le torrent déjà grossi par l'orage, je tombais vers la mort certaine.

Mais, arrêté dans ma chute à un mètre des eaux furieuses, par un chêne vert providentiel, j'étais indemne! boueux, mouillé, assourdi par le tonnerre, effrayé, sans voix, mais indemne! pas une égratignure, pas une bosse, pas le moindre bleu!

J'étais indemne, mais désespéré par la perte de la lampe, la lampe avait disparu, la lampe et la flamme sacrée! sûrement emportées par le torrent en crue!

Je pouvais pourtant m'estimer heureux, tomber dans ce précipice et avec une tempête pareille, et me retrouver au fond indemne, à un mètre du torrent, cela tenait du miracle! c'était un miracle!

L'orage redoublant de violence, il fallait, avant que l'eau du torrent ne monte encore, il fallait remonter du fond de ce maudit précipice et ce n'était pas une entreprise aisée! J'eus l'impression, que quelqu’un me donnait la main, m'aidait, me soutenait, et nouveau fait étrange, je me sentais fort, courageux, intrépide Je me retrouvais donc, sans efforts sur le sentier, sentier balayé par le vent et la pluie, là, je n'en crus pas mes yeux, là sur une pierre plate,posée sur le bord du sentier, la lampe était là, la lampe et la flamme bien vivante!

Si j'étais crotté, trempé jusqu'aux os, sur la lampe, pas une goutte n'était tombée, ne tombait, et ne tomba par la suite, le vent l’avait épargnée, l’épargnait, et l'épargna aussi!

C’était encore miraculeux! Je repris, et la lampe et ma course jusqu'au mas "Bufafocs", remis la lampe et sa flamme sacrée au nouveau porteur qui continua vers la plaine,cette chaîne de l’amitié et je tombais, évanoui. Je retrouvais mes esprits, couché dans mon lit, dans la chambre du mas de "Can Tirasoldat", mon ami Jean et sa femme étaient prés de moi, prévenants et inquiets! Jean me dit que le facteur m'avait trouvé, évanoui dans le pré, prés du mas "Bufafocs"!

Les vieux métayers du mas "Bufafocs", tout comme le facteur ont supposé, me dit-il encore, que je m'étais égaré pendant l'orage et m'étais évanoui complètement épuisé! Il y avait de cela trois heures! Je lui racontais mon histoire, l'histoire du blessé, de la lampe, du "cingle de les viudes" et des miracles! Incrédule, il sourit ironiquement et me dit: "dors, tu as de la fièvre, beaucoup de fièvre, et tu as reçu un choc à la tête, nous allons bien te soigner, tu seras vite sur pieds".

Mon histoire! ni mon ami Jean de "Can Tirasoldat" ni sa femme, ni les vieux de "Bufafocs", ni personne au village, n'ont voulu la croire! et pourtant je suis sûr d'avoir vécu ces faits, ce n'était pas un rêve du à mon état fiévreux, c'étaient réellement des miracles!

~

Pere Guisset.

 


 
                 LE  SACRÉ   ÂNE   
ON SOC ? : PERE GUISSET - 5 HISTOIRES- LE  SACRÉ  ANE


 

LE SACRÉ ÂNE.

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Dans un pays merveilleux, un pays où il fait bon vivre, un pays où les mauvais jours, jours de pluie, de froidure ou simplement de ciel gris, peuvent se compter sur les doigts de la main, je connais un charmant village niché prés d'un mont orgueilleux et fier, un mont souvent coiffé de blanc, le mont Gounica!

Dans ce magnifique village aux mille jardins fleuris, aux pittoresques ruelles moyenâgeuses, aux gaies fontaines chantant dans les environs, dans ce village où la luminosité du ciel est incomparable, dans ce village vit un âne! un âne fier, arrogant et prétentieux!

Les ânes, les ânes ordinaires, les ânes comme tous les ânes sont trés rares de nos jours, mais comme cet âne là, il n'en existe pas deux, il est unique cet âne là, c'est un âne sacré!

Tout comme dans l'Inde où on vénére la vache, dans ce village du Pirlesval, on vénére un âne, on idolâtre un âne, un insignifiant petit grison qui se permet tout et qui a tout permis! quelquefois de perfides ruades! On lui a permis de faire, c'est quasiment incroyable, et il fait, ses petits besoins dans la rue, il peut s'il le désire, assister à la messe du soir ou à l'office le dimanche, sans que nul ne s'offusque, il peut, et il le fait, assister à n'importe laquelle des réunions tenues dans le village, réunions d'information, politiques, culturelles ou autres, il peut s'il le veut et il ne s'en prive pas, mettre son grain de sel partout et n'importe où!

Par toutes les sociétés, culturelles, sportives, professionnelles, religieuses, il est écouté et cru! c'est le conseilleur, c'est le guide, c'est le confesseur souvent! C'est l'âne roi! C'est l'âne dieu! C'est l'âne phénoméne, c'est l'âne qui parle, et il aime parler cet âne là! Il donne des conférences incompréhensibles, sur les places, dans les rues ou prés des fontaines, sur des thémes divers. Il parle, il postillonne, il discourt, conteste, n'approuve jamais, et impose toujours son point de vue.

Des bons villageois, il mystifie les mystiques; il dompte les sceptiques; il intéresse les opportunistes par l'afflux de touristes, qu'il attire toute l'année, fait sourire les réalistes, énerve les intellectuels, agace les artistes, fait la cour aux indifférents, et écrase les opposants! Par tous bon gré mal gré, par tous, il est considéré comme tabou! comme sacré! C'est un idole, l'idole locale,! certains l'abreuvent avec la meilleure eau, le nourissent avec la meilleure avoine, le gavent avec leur meilleur foin! C'est l'âne roi! c'est l'âne dieu!

Si son quotient intellectuel est petit, sa faconde est grande et inépuisable! c'est un âne rempli de savoir, (savoir que l'on lui a inculqué peut-être à coups de triques), qui répéte ce que l'on veut lui faire dire, plutôt et surtout, ce que veut lui faire dire son maître! Car il a un maître cet âne sacré, un maître qui vit divinement bien dans son sillage ou son ombre, et ce maître est surement ventriloque, ce qui explique beaucoup de choses!

Un vieux Pirlesvalien, écoutant un jour cette histoire, a certifié qu'il connaissait beaucoup d'ânes ayant ces dons et que les ânes qu'il connait, ont quelque chose en plus, ils n'ont pas de longues oreilles et surtout, n'ont que deux pattes.

 

Pere Guisset.



                 LE  PETIT COQ   
ON SOC ? : PERE GUISSET - 5 HISTOIRES - LE  PETIT COQ


 


LE PETIT COQ

 

Perrette avec ses poules coquines
Élevait un petit coq hardi,
Qui chantait matines,
De bon matin pardi… !
Crête vermeille, queue piquée
De plumes de toutes couleurs.
Pour Perrette enchantée,
C’était le coq du canton le plus cavaleur.
Il était fait pour courir ses poules coquines
Également reconnu pour être le premier,
A chanter matines
Du haut de son tas de fumier.

 

Mais c’est bien le boulot premier
De tout petit coq fermier
Coq, est à ses semblables pareil
Pour saluer le jour, le jour et le soleil.
 

Après le petit déjeuner,
Tout coq doit batifoler.
Faire la distribution,
 Donner à chacune sa ration.
Pour un poulailler content
Un coq doit être vaillant
Et notre coq, pour chacune des boulottes
Etait capable de faire belote et rebelote.
Pour la paix du poulailler,
Il ouvrait tous les chantiers.

 

Mais aujourd’hui, il faut dire adieu,
Au petit coq chantant,
Qui de son timbre radieux,
Saluait tous les passants,
Saluait de l’Aube, les timides lueurs,
A l’affût du premier rayon de soleil.
Il est mort aujourd’hui, le grand chanteur,
Comme dans ce bas monde, ton cri,
En dérangait trop tôt plus d’un,
Qui flemmardait tard le matin dans son lit,
Ne tolérant aucun bruit, aucun.

 

Et pourtant, c’est bien le boulot premier
De tout petit coq fermier
Coq, est à ses semblables pareil
Pour saluer le jour, le jour et le soleil.

 

Petit coq, coq chantant, adieu
De notre siècle tu es la victime.
À cause de ton timbre radieux
En silence, on a commis un crime.
Tu ne chanteras plus, tu ne batifoleras plus,
Pour calmer un voisin
Qui a oublié le paysan qu’il fut,
Le petit coq est, sans attendre, cuisiné au vin.

Pleurez, pleurez mes poules coquines,
Il ne sera plus le premier,
A chanter matines
Du haut de son tas de fumier.

Et pourtant, c’est bien le boulot premier
De tout petit coq fermier
Coq, est à ses semblables pareil
Pour saluer le jour, le jour et le soleil.
 

Cette histoire doit nous enseigner,
Que si un coq peut en paix batifoler,
Faire la distribution,
Donner à chacune sa ration.
Pour un poulailler content
Un coq doit être vaillant

Mais aussi, et c’est à peine croyable
Il devra en plus, désormais, faire un boulot convenable.
Et, pour le bien être de tous, naître muet
Pour la paix du poulailler, et de tout le comté.

 

Pere GUISSET
( Traduction libre de son texte catalan « EL PETIT GALL » par Joan Pere GUISSET)
)

Note d’un petit coq traducteur :

 Si dans votre village aussi, vous faites la chasse aux coqs de villages et autres  beaux parleurs, allant même à sacrifier les chroniqueurs, si personne n’a encore été châtré, en tant que grands bavards, faites comme moi;   sauvez la race des batifoleurs, évitez de chanter pour que l’on vous laisse toujours batifoler en paix.

Au matin de vos rudes combats, si au lit vous flemmardez, évitez aussi d’habiter à côté d’un poulailler… ! …. Et pour vous nourrir?…..Continuez à aller au supermarché…. !.  

Au rayon poissonnerie, vous constaterez que le maquereau sent aussi fort que le fumier……
Mais peut être faut-il demain, après nos oreilles, soigner aussi notre nez…. !

L’Altre GUISSET


                 LES HERITIERS DE L'ONCLE TONI     
ON SOC ? : PERE GUISSET - 5 HISTOIRES- Les heritiers de l'oncle TONI


                 

 Héritiers ou héritières même combat........ mais on ne se mélange pas......!

 
LES HÉRITIERS D'ONCLE TONI (monologue)

Quand oncle Toni eut quatre-vingt-dix ans, Dieu lui pardonne,
ayant goûté ce qu'il y avait de mieux dans ce bas monde,
décida d'aller voir saint Pierre,
ses héritiers se dirent: "Bonne affaire !"
C'est qu'il n'était pas mal loti, l'oncle Toni, tout bien pesé :
deux mas, trois maisons et pas mal de fermages...!
A son enterrement, personne ne manquait,
tout le monde était là, tous mouillaient leur mouchoir.
Il y avait tonton Pere, Xico, un mien cousin, et tante Sidonie,
mes cousines Rosa, Marta, Filomena et Marie,
Baptiste l'orgueilleux, mon oncle, le douanier,
tante Hortense, sa femme, née au Pas-de-Calais,
tante Eleonora, qui habite au Boulou
et qui ne se déplace qu'aux grandes occasions,
l'oncle Jacques, un rat, venu avec sa femme,
qui disait à Baptiste: "On est bien peu de chose, ici bas,
pas la peine de s'y faire du mauvais sang" .
Mais c'est tante Mena qu'on remarquait le plus :
elle criait et pleurait à vous fendre le coeur.
Son neveu Victor la traînait. Elle n'arrêtait pas
de crier: "Pauvre Toni, je ne t'oublierai pas, je te l'assure".
Chacun savait qu'elle ne pouvait pas le blairer.
"Brave Toni", ajoutait Pere, le miséreux,
"Il avait un bon coeur et un fichu caractère".
Jepe, cousin au moins au cinquième degré,
Renchérissait: "Un fichu caractère, je vous le dis."
Il était bien placé pour le savoir car, figurez-vous,
ils en étaient venus aux mains, un jour,
et le brave Toni, malgré ses soixante-dix ans,
l'avait roué de coups de poing et de soufflets.
Bref tous pleuraient le mort, lui trouvaient des vertus.
On pensait: "Tu nous laisses beaucoup, chacun aura sa part".
Après l'enterrement, les héritiers au mas se retrouvèrent.
Une bonne douzaine, peut-être davantage !
On avait bien mangé: haricots, anchois et force oeufs durs.
C'était beau de nous voir ainsi, tous réunis !
"Y'a pas", disait tante Hortensia, la femme au douanier,
qui était née, ai-je dit, au Pas-de-Calais,
"Y'a pas, disait-elle, c'est une belle famille, des gens gentils,
et je suis bien contente d'en faire partie".
Tout s'était bien passé, c'est vrai :
l'oncle enterré, on fumait en attendant le café.
Qui donc mit le feu aux poudres ? Jamais je ne le sus.
On parla d'héritage, ce qu'il ne faut pas faire
dans. un moment pareil. C'est fait, c'est fait ! On n'y changera rien.
De telles discussions ce n'est pas bon à faire !
Plus on discutait et plus ça se gâtait.
Les esprits s'échauffaient.
Oncle Baptista voulait faire "des lots en toute impartialité".
Le cousin Xico protesta qu'un triste douanier,
avec ou sans sa petite moitié, n'avaient pas à y mettre le nez :
s'il fallait faire des lots, "c'est lui qui s'en chargerait".
Oncle Jacques douta qu'il sache se moucher,
et fit remarquer qu'il était le plus vieux et donc tout désigné.
Xico lui répondit mais je n'entendis rien,
sauf la claque sonore dont le gratifia l'oncle.
"Bien", fit tonton Pere, voyant les choses mal tourner,
"Ça ne servira à rien de discuter ? Et s'il y a un testament ?"
Les femmes s'en mêlèrent, et ce ne fut pas mieux.
Le débat général devint si passionné
qu'on se traita de tous les noms d'oiseaux.
Cris et disputes, on lava en famille beaucoup de linge sale.
S'il l'avait vu, l'oncle Toni aurait bien ri.
On en entendit des vertes et des pas mûres. Quand on fut las
de crier, on passa tout à coup aux empoignades !
Ce fut un beau combat: je peux dire que pour bien digérer
on n'a pas encore inventé mieux !
Tante Carolina, de courage admirable,
avec son parapluie se frayait un passage.
L'oncle Baptista, vous savez, le douanier,
était un vrai boxeur, fallait voir.
Il y voyait mal, ce qui évita un carnage.
Tonton Pere, debout sur une chaise, les cheveux fous,
prêchait le calme et l'union, le respect de la mort.
Il parla trop longtemps, et il eut tort :
d'un coup de bouteille à la tête, Victor lui coupa le sifflet.
Que pouvait dire l'oncle, quand le mal était fait ?
Un oeil au beurre noir et tête nue, tante Sidonia courait :
sa perruque était pendue à une armoire.
Cousine Filomena, à genoux sous la table, cherchait son râtelier.
Cousin Xico ne se sentait pas bien, il était aveuglé.
Il avait sur le front une bosse de la taille d'un oeuf.
Il me regardait, souriait, se coucha sur le sol et s'endormit, content.
Comme ça avait démarré ...tout c'est soudain arrété
il n'y eut aucun mort , mais il s'en fallut de peu.
l'oncle jaume, s'en est sorti avec des béquilles et débraillé
l'oncle Batista, avec la tête cabossée
la tante Carolina y a laissé son parapluie et deux molaires.
la cousine Maria paraissait piquée des guêpes et des frelons
l'oncle Pere ...le prédicateur,
est resté huit jours sans reconnaitre qui que ce soit
le cousin Xico, avec un coup à la tête qui ne l'a pas amélioré
la tanta Hortense... celle du Pas de Calais,
y est revenue, pleine d'orgueil, un oeil fermé, griffée et boitant
au bras de l'oncle Batiste qui n'était pas plus brillant
Vous pouvez me croire, ils étaient pas brillants les héritiers de l'oncle Toni,
ils paraissaient tous sortis du four de lucifer
Ils n'avaient rien réglé, mais ils avaient eu un grand plaisir
quand la vapeur est bien montée, croyez moi pour se détendre...!
rien de mieux que de s'échauffer les oreilles pour s'entendre
pour ma part la beigne que j'ai offerte à Batista, je peux l'avouer
il y avait des années que je la lui reservais
je pensais souvent, si un jour j'ai l'occasion tu me la paieras ....!
Le coup de parapluie que la tante m'assena
elle devait , de longue date me le reserver
Enfin tout dans un cours normal aller rentrer
car personne ne devait plus rien à personne
"y a pas" disait en boitant la tante du Pas de Calais
" avec une famille comme ça c'est un plaisir de s'expliquer "
mais le plus poilant dans cette affaire....savez vous ce c'est
c'est que nous qui nous étions etrippés, et bien assaisonnés
nous avons été bien attrapés
quand nous avons su, mais un peu trop tard,
Que l'oncle Toni ce paillard
avait pris pour héritière
la Rosina, sa "fermière" ....!
 
PERE GUISSET

 

 



                 MES FUNERAILLES     
ON SOC ? : PERE GUISSET - 5 HISTOIRES- Mes funérailles


      

 

 
MES FUNÉRAILLES

Amis, lorsque mon tour viendra,
d'aller retrouver saint Pierre,
--rien ne presse, c'est certain, j'ai tout mon temps
j'espère seulement ne pas souffrir !-
c'est tout à fait tranquille
que montera là-haut Pere Guisset.
Si par hasard, amis, vous êtes à l'enterrement,
par amitié ou par égard pour ses proches parents,
si je ne voudrais pas trop de pleurs
évitez pourtant les éclats de rire !
À la messe des morts, soyeux sérieux, pour une fois !
Au fond de l'église ne bavardez pas trop fort.
Je ne suis pas contre un mot d'esprit dit à propos,
mais parlez à voix basse, par respect du curé.
Réservez les plus piquantes pour plus tard,
quand je serai déjà à l'ombre des cyprès.
Cela n'ira. Vous savez bien que ma vie durant
j'ai été un adepte, un pratiquant du rire,
et je ne voudrais vous en priver à aucun prix.
Aussi mal loti que je sois là-haut, tout ira bien
s'il y a des gens joyeux, un monde juste, fraternel et rieur.
Soit l'inverse du monde d'ici, où l'on parle de roses
mais où chacun a son lot d'heures pour la douleur.
On y essuie plus de tempêtes qu'on n'a de jours ensoleillées.
À nous les coups de pied au cul au lieu des embrassades.
Dans ce monde où tout tourne à l'envers, déboussolé,
malgré les preuves de votre amitié, mes amis,
malgré, l'affection d'une épouse, d'un fils, d'une bru,
de mes petits-enfants, j'ai plus eu de soufflets que de bienfaits.
J'ai dit, c'est vrai, beaucoup de blagues, de sottises,
mais dans le tas il peut bien y avoir des vérités.
Je ne reproche rien à personne: sur la terre il y a de tout,
des bons (peu), des rétifs, des ânes, des taciturnes !
Ah! des méchants aussi, ceux qui grincent des dents,
jamais joyeux, jamais heureux, jamais contents,
qui ignorent ce qu'est un éclat de rire,
qui oublient que la vie n'est qu'un voyage
où nous sommes tous embarqués, dans un monde de travers,
où pour un ventre plein il y a mille ventres vides,
un monde où vous gardant d'un ennemi
c'est l'ami qui vous jouera un mauvais tour.
C'est un traître de monde! Même les roses au jardin écloses
vont vous piquer quand vous les cueillerez.
Voilà pourquoi je ne crains pas de changer de monde.
J'aurai pas droit à l'auréole, je le sais! Je ne serai point tout seul.
C'est le lot de qui sait où gît le diable sur terre.
Il y a qui prêche la paix et nous envoie à la guerre !
Ceux qui étoufferaient père et mère pour l'argent,
qui battraient femme et enfants, et aux amis casseraient la gueule.
Aussi, mes amis, si vous assistez à mon enterrement,
et entendez prés de mon cercueil des rires,
écoutez bien, écoutez bien
voir ces rires d'où ils viennent.
C'est de mon cercueil qu'il viendra,
le dernier éclat de rire du partant.
Il sait, en vous laissant, que pour un jour de joie
vous en aurez cent de tracas.
En partant, il ignore toujours ce qu'il est venu faire en ce bas monde.
Avant de nous séparer je veux vous dire: " Adieu,
je vous attends là haut, serein, la paix au coeur !
Si j'ai fait du tort à quelqu'un, c'était sans le savoir.
Si j'étais un original, un têtu, un marginal, je n'étais pas méchant.
Pourtant, dans ces moments, avant de vous laisser,
je vous demanderai de bien me pardonner,
et, peut-être, à la Toussaint, d'apporter sur ma tombe une fleur !
des bons (peu), des rétifs, des ânes, des taciturnes !
Ah! des méchants aussi, ceux qui grincent des dents,
jamais joyeux, jamais heureux, jamais contents,
qui ignorent ce qu'est un éclat de rire,
qui oublient que la vie n'est qu'un voyage
où nous sommes tous embarqués, dans un monde de travers,
où pour un ventre plein il y a mille ventres vides,
un monde où vous gardant d'un ennemi
c'est l'ami qui vous jouera un mauvais tour.
C'est un traître de monde! Même les roses au jardin écloses
vont vous piquer quand vous les cueillerez.
Voilà pourquoi je ne crains pas de changer de monde.
J'aurai pas droit à l'auréole, je le sais! Je ne serai point tout seul.
C'est le lot de qui sait où gît le diable sur terre.
Il y a qui prêche la paix et nous envoie à la guerre !
Ceux qui étoufferaient père et mère pour l'argent,
qui battraient femme et enfants, et aux amis casseraient la gueule     
Aussi, mes amis, si vous assistez à mon enterrement,
et entendez prés de mon cercueil des rires,
écoutez bien, écoutez bien
voir ces rires d'où ils viennent.
C'est de mon cercueil qu'il viendra,
le dernier éclat de rire du partant.
Il sait, en vous laissant, que pour un jour de joie
vous en aurez cent de tracas.
En partant, il ignore toujours ce qu'il est venu faire en ce bas monde.
Avant de nous séparer je veux vous dire: " Adieu,
je vous attends là haut, serein, la paix au coeur !
Si j'ai fait du tort à quelqu'un, c'était sans le savoir.
Si j'étais un original, un têtu, un marginal, je n'étais pas méchant.
Pourtant, dans ces moments, avant de vous laisser,
je vous demanderai de bien me pardonner,
et, peut-être, à la Toussaint, d'apporter sur ma tombe une fleur !

PERE GUISSET

 

 



                 UNE NUIT DE CARNAVAL     
ON SOC ? : PERE GUISSET - 5 HISTOIRES- Une nuit de carnaval



 Découpage et montage WEB bilingue :
JEAN PIERRE GUISSET

UNE NUIT

DE

CARNAVAL

 Dessins : Daniel RICHARD

Textes : Pere GUISSET

Une nuit de carnaval,deux amis, cherchaient au bal une "nana" avec si possible la cuisse lègère et sachant distinguer....

ce qui est de la poule..... de ce qui est du coq.....!

 

 

 

 

 

 

 

   À Carnaval

tout est permis !"
C'est ce qu'a dit Jepet un mardi,
les derniers jours :

 

 


 "Donc, Pere, qu'est-ce que tu dirais, puisque aussi bien nos femmes sont au lit, si nous en profitions pour faire un peu la noce ?"Pel carnaval! Tot si val
Em va dir en Jepet, un dimarts dels darrers dies,

 

Donques Pere, que em diries,
Ja que tenim les dones al Llit,
Si aprofitaven per fer la "gresca" a nit ?

 

 

 Sitôt dit, sitôt fait. C'était exceptionnel, que diable ! Nous avons, tout d'abord, fait le tour des cafés histoire de nous mettre en bonne forme.

  

Tan aviat va ser dit com fet!
Per un Cop, ens vam prendre el dret,
El dret de primer de córrer algun cafè,
Historia d'ens posar-se bé!

 Ensuite nous avons pensé au fruit défendu d'une jeunesse, pour nous ragaillardir !
" À la salle de danses, perdue dans la foule, nous trouverons bien une brebis égarée".
C'est ainsi que parlait Jepe après un dernier coup au dernier café, et fort heureusement, sinon nous allions tout droit sur la cuite.

 Desprès, vam decidir, una cosa prohibida,
Amb una nineta, ens alegrar la vida !
A la sala de ball, al mig de la gentada,
Trobarem prou, alguna ovelleta esgarriada !
Aixis s'enraonava en Jepet en sortint del darrer café.
Sort, sort que aquell café era el darrer!
Si no, es cert qu'anaven cap la borratxera

 "Voilà", disait Jepe, je me sens des fourmis quelque part, nous avons assez bu, pensons aux choses sérieuses : cherchons de belles fesses ! Crois-moi, voilà une nuit aussi propice que possible" .

 Ara, va dir en Jepet, ara em senti guimbera,
Hem ben begut, en davant pel qu'ens manca, en davant per l'anca!
Creguis que una nit com aquesta, la marcarem d'una pedra blanca

 

 La salle était une fourmilière, toutes sortes de gens voulant en profiter. Beaucoup avaient comme nous le nez rouge et les chaussettes mouillées. C'était le rhum ou le muscat. "Si à Carnaval tout est permis, nous trouverons ici chaussure à notre pied. 

La sala de ball ? un veritable formiguer.
Gent de tota mena, que aprofitaven també,
Molts, com nosaltres, els mitjons molls i el nas vermell,
Coses que devien es segur, al rom o muscatell.
Pel carnaval, ja que tot si val,
Aquí , mal aniria que no trobem la qu'ens cal

Il nous faut une fille à la cuisse légère,
hardie, rapide à dire oui, qui ne recule pas.
Bref, quelqu'un qui se laisse trousser,
et qui ne soit pas née des dernières pluies."

Ens cal! una amb la cuixa lleugera,
Atrevida, prompta a dir si, que no tiri en darrera.
Enfi, una d'aquelles, una arremangall,
Que sapigui el que es polla i el que es gall !

 

 Pour moi ce fut un masque de grand-mère
qui me prit par la main et me dit: "Viens !"
Son masque était celui d'une vieille,
mais son corps! Un corps de jouvencelle !
Un corps flexible, avec: des seins provocants,
et un derrière alléchant !
Des jambes! Des jambes de mannequin !
Et une voix! Une voix! Un son de violon !
Dieu veuille qu'elle soit aussi un peu bébête,
pensais-je en sautillant dans cette salle.
 

Va ser per jo, una amb careta de padrina
Que em prenguent la mà, va dir vina!
Era. disfressada amb careta de vella,
Mes tenia un cos! !un cos de jovencella !
Un cos flexible, amb un pit provocador,
l un anquer encantador !
Unes cames! unes cames com un maniquí,
l una veu! una veu! un so de violi !
Deu volguí, que en demés, sigui flaca de l'ala
,
Pensavi, fent salts i bots per aquella sala. 

 Elle s'était accrochée à moi comme une tique.
Il fallait être en pierre ou un drôle d'idiot
pour ne pas comprendre, ne pas se rendre compte
qu'elle savait fort bien où elle allait.
Elle écrasait ses seins sur ma poitrine.
Elle serrait bien fort ma main.

Ella, em tenia enganxat com una llagasta,
Calia ser de pedra o un fotral banasta,
Per no s'avisar, per no comprendre,
Que sense parlar, ja se sabia fer entendre.
Esclafava la seva pitrera sus la meva,
Pitjava la meva mà dins la seva,

 Elle me chatouillait derrière l'oreille.
Se serrait tellement qu'on ne faisait plus qu'un.
Je fondais, je fondais comme neige au soleil,
au tout premier rayon.

Em feia pessigolles darrera l'orella,
Tan apretada, que no feien qu'un jo i ella!
l jo, anavi fonent, fonent com la neu,
Al primer raig de sol que veu.

 

 

 

 

 Tellement que, sans mot dire,
nous nous sommes retrouvés dans la rue.
Sur la place j'entrevis Jepet
qui allait lui aussi, au bras d'une belle.
 

Fins i tot, que sense ens dir res,
Ens vam trobar, rodant pels carrers!
Travessant la plaça,
vaig tenir temps de veure en Jepet,
Que també rodolava amb una a bracet

 

 
Vers le coin le plus sombre nous nous sommes pressés comme vous pouvez très bien l'imaginer.
On ne pensait pas, bien sûr, jouer à la marelle.
Mais au moment crucial, elle enlève son masque
 

Si dins un corn enfoscait, ens vam arrambar,
Com ho podeu pensar,
No era per jugar a passa-passa sabateta!
Mes, al punt crucial, ella se va treure la careta!.

 

Et mon envie de rire s'en va du même coup !
J'ai reçu une raclée carabinée !
Car la belle n'était, bien sûr, que ma Guiguite.
Je fus, de bon coeur giflé, griffé, mordu, presque étranglé, .

 

Aqui! ne vaig jugar un boci de trist;
Vaig rebre la mes grossa pallissa que s'es vist!
La farsa, l'heu endevinada?
Era la meva dóna que s 'havia disfressada!
Vaig ser plantofajat, esgarrapat,
Mossegat i mig; escanyat
.

Elle a boudé après trois longs mois d'affilée
et ne veut plus, désormais, que je sorte sans elle

 

Vaig menjar morros, tres mesos seguits,
I que mai mes salliré sense ella, les nits

Et pour Jepet, direz-vous, comment cela a-t-il fini ?
Pire que pour moi, la preuve, la voici :
sa Catherine fut tellement furieuse
qu'il en prit pour trois mois fermes à l'hôpital.

Mes, en Jepet ? em direu, com s'en va treure ?
Va ser pitjor que jo em podeu creure,
La seva Catarina, va fer les coses com cal,
Pobre Jepet, en va fer tres mesos d'hospital!

 Jugez donc s'il est vrai qu'à Carnaval tout est permis !

Ara, aneu diguent, que pel carnaval,
Tot si val!